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Sur le plan de la psychologie académique, les abductions n’existent pas. Elles relèvent d’un syndrome pathologique et n’on donc pas de nom particulier. Ainsi, si le thème est particulier (les extra-terrestres), se dire enlevé par des extra-terrestres renvoie à un trouble non spécifique : syndrome neurologique, délire (à thématique E.T.), mythomanie (à thématique E.T.), hystérie, schizophrénie, etc.

Rappelons que, dans notre société, le simple fait de croire aux extra-terrestres ou de s’intéresser aux ovnis est pris comme un indicateur de schizoïdie (qui est un trouble léger de personnalité) !… Le pivot central de la posture académique est évidemment que l’expérience d’être enlevé par des extra-terrestres est impossible puisque les extra-terrestres n’existent pas, donc elle est le fait du psychisme : CQFD… puisque la présence d’extra-terrestres sur Terre n’est pas une réalité de la science académique, c’est donc un fantasme. Or, quand le psychisme confond imaginaire et réel, c’est pathologique. Il ne reste plus qu’à trouver chez le « patient » les indicateurs venant confirmer un diagnostic pathologique, ce qui est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît !

On doit la première approche ouverte et honnête sur les abductions à Budd Hopkins, qui a permis de faire connaître le phénomène au grand public. S’en est suivie une étude par John E. Mack, psychiatre américain, diplômé de Harvard et fondateur du département de psychiatrie de l’hôpital de Cambridge, sur des centaines de cas d’abduction de par le monde : Mack observe que le profil des abductés est varié, tant socialement, culturellement que psychologiquement. Il se retrouve, note-t-il, face à des humains normaux traumatisés par une expérience extraordinaire. Aucun trait ne paraît les distinguer : il semble s’agir de la population générale. Mack conclue que l’expérience semble « réelle », et les individus montrent un syndrome de stress post-traumatique, marqueur, selon Mack, qu’ils ont été en relation avec un événement « réel ». Ce point peut cependant être discuté. Mack observe aussi chez les abductés ce qu’il nommera le « choc ontologique », c’est-à-dire que le contact avec le phénomène est si « étranger » qu’il est choquant par sa nature même pour la psyché humaine.

D’autres auteurs « abductologues » doivent être cités tels David Jacobs, Corrado Malanga, chacun ayant proposé sa vision du phénomène. Nous laissons à l’internaute le loisir de faire ses recherches personnelles sur leurs travaux respectifs.

Notons également les travaux transversaux de Rick Strassman sur la DMT, qui sont remarquables : en injectant de la DMT (substance active présente dans l’ayahuasca, une célèbre plante psychotrope amazonienne) à ses sujets, un certain nombre vivent l’expérience de se retrouver allongés sur une table, auscultés par des entités extra-terrestres. Alors, est-ce à dire que les abductions ne seraient que des expériences hallucinatoires ? Strassman ne conclue pas que les expériences vécues ne soient pas réelles. Il prône plutôt en faveur de différents niveaux de réalité rendus accessibles par des expériences d’états de conscience non ordinaires. Nous renvoyons l’internaute à s’informer sur ses travaux.

Plus récemment, d’autres chercheurs se sont penchés sur les abductions et ont proposés des contre-hypothèses, en dehors de la psychopathologie et en dehors de l’abduction comme expérience réelle. Les 2 principales sont :

  • la paralysie du sommeil : Il s’agit d’un réveil incomplet du cerveau survenant pendant la phase de sommeil paradoxal. Le sujet retrouve une activité consciente et tourne son attention vers le monde extérieur, alors que son corps et son cerveau restent dans le fonctionnement du sommeil paradoxal (atonie musculaire et activité onirique). La personne ne comprend pas ce qui lui arrive, perçoit son corps paralysé ainsi qu’une oppression thoracique (liée à l’atonie musculaire) : surpris et ne pouvant comprendre, l’anxiété monte. Le cerveau, qui poursuit son activité onirique, cherche à mettre de la cohérence entre ces 2 niveaux de réalité (état de rêve/corps paralysé et conscience du monde externe) et projette donc une scène de rêve à l’extérieur sous la forme d’hallucinations plus ou moins complexes et structurées. Les 2 réalités (celle du rêve et celle de l’environnement extérieur) se mélangent : la personne hallucine son rêve dans le monde extérieur. Comme le cerveau tend toujours à mettre de la cohérence dans ses perceptions, il rassemble les sensations du corps paralysé, de l’oppression respiratoire et de la chambre en créant un scénario complet. Il utilise alors les influences culturelles du dormeur pour créer l’histoire de l’abduction. Si l’hallucination n’est pas complète, le rêveur fera le reste en réinterprétant son expérience comme étant une abduction.
  • Commentaires : Il arrive en effet que des personnes vivant des paralysies du sommeil interprètent cela comme une expérience d’abduction. Parfois même, une régression hypnotique vient, à tort, confirmer cela : Cela vient du fait que l’hypnose met le sujet dans un état de conscience où son imaginaire, rendu très actif par cet état, produit un scénario fantasmatique qu’on appelle « faux souvenir ». Cependant, une approche fine de l’expérience de l’abducté permet généralement de différencier une paralysie du sommeil d’une abduction. Pour cela, il faut réintégrer l’expérience à l’ensemble des expériences vécues par le sujet.
  • La reviviscence d’opérations chirurgicale : C’est une hypothèse créative récente apportée par David F. Forrest, psychanalyste de la Columbia University, publié en 2008 dans un rapport intitulé « Alien abduction : a medical hypothesis. ». Cette thèse a été appuyée par le Dr Anne Skomorowsky, psychiatre au New York Presbyterian Hospital. L’hypothèse est la suivante : les personnes ayant vécu une opération et s’étant réveillées accidentellement pendant l’acte chirurgical sont de fait traumatisées par cette expérience. Chez les personnes s’étant réveillées pendant l’opération, 40% déclencheraient un syndrome de stress post traumatique par la suite, selon un rapport publié par le Royal College of Anesthesists. Quel lien avec l’abduction ? L’hypothèse du Dr Skomorowsky est la suivante : L’anesthésie engendre que le cerveau n’enregistre pas correctement la mémoire de ce traumatisme. Le choc émotionnel veut alors remonter à la conscience pour être traité, mais son contenu est distordu, modifié par l’imaginaire du sujet. Cela prend alors la forme de reviviscences traumatiques délirantes : le schéma d’être emmené dans une salle de chirurgie est ainsi mis en scène par l’imaginaire via des extra-terrestres.
  • Commentaires : Si cette hypothèse est originale, elle a, tout comme l’hypothèse de la paralysie du sommeil, le tort de réduire l’expérience d’abduction à un seul moment, délié de l’ensemble des expériences rapportées par les abductés. Par exemple, elle ne rend compte ni des observations d’ovnis, ni des enlèvements en groupe ou en famille, ni des traces corporelles, ni des éveils de conscience de certains abductés, etc.

Il en existe d’autres formes d’expériences que l’on peut confondre avec des abductions :

Les phénomènes d’emprise et de possession : ici, il s’agit d’entités désincarnées (défunts, entités invisibles) qui exercent une forme de parasitisme (ou de symbiose) avec leur hôte vivant. Il existe une littérature dense sur le sujet.


Les expériences énergétiques et l’éveil de kundalini : la plus grande source de confusion, car cette expérience est peu connue en occident. Il s’agit de phénomènes énergétiques qui se traduisent par des sensations bizarres dans le corps : tétanies, crispations, douleurs, sensations de chaud ou de froid, etc. La personne vivant cela peut interpréter ces manifestations comme le signe d’une présence étrangère. Lors des éveils brutaux de kundalini, il peut y avoir des expériences psychospirituelles fortes qui parfois peuvent être confondues avec des abductions.


Il arrive fréquemment que les abductés vivent, en plus des abductions, d’autres formes d’expériences extraordinaires : éveils de kundalini, clairvoyance, médiumnité, précognitions, poltergeist, etc.